Mouais, bon, la tige de graphite...
Je préfère utiliser à la place de la feuille de plomb, utilisée pour les solins des toitures ( étanchéité entre tuiles/cheminée, par ex. )
Plusieurs avantages : Le plomb est bien plus durable que le graphite, il ne se désagrège pas, est (presque) insensible à l'acide sulfurique. De plus, la surface offerte par une feuille de plomb est bien plus grande que celle d'une mine de crayon => plus de courant pour l'anodisation, meilleur résultat. Il est également possible de "tapisser" l'intérieur du bac avec cette feuille, ce qui donne une anodisation plus uniforme. Car si la cathode est d'un seul côté (c'est le cas avec la tige de graphite), le côté de la pièce près de celle-ci sera anodisé plus fort que le côté le plus éloigné, simplement parce que le courant aura plus de "chemin" à parcourir dans la solution, rencontrant une résistance plus grande et sera par conséquent plus faible. La loi d'Ohm, encore une fois...
Acide sulfurique, c'est de l'acide à batteries de voitures. C'est mieux que le sel.
Ne pas mettre autre chose que du plomb ( cathode, - ) ou de l'alu ( anode, + ) dans la solution, tout autre métal provoquera une réaction par l'électrolyse, et cela pourrira votre solution, rendant le résultat aléatoire.
Pour suspendre la pièce dans le bain d'électrolyse,
il faut obligatoirement de l'aluminium, j'utilise du fil de clôture électrique en alu de 2 mm de diamètre.
Tout l'art de l'anodisation est de savoir suspendre la pièce dans le bain, sans qu'elle ne touche la cathode ( court-circuit... ) et assurer un bon maintien et un bon contact électrique. Généralement on perce un trou de 2mm de diam., à un endroit où il ne se verra pas une fois la pièce montée, et on force le fil de 2 mm dans ce trou. Le fil étant assez souple, la matière s'écrase, assurant maintien et contact électrique. Les pinces croco allant à la feuille de plomb et au fil d'alu doivent rester loin de la solution. Pour suspendre la pièce, faire passer de manière sûre ( entendez : pas de risque de chute ) un profilé alu ( carré, U, T, peu importe ) non anodisé au-dessus du bac et se servir de ce profil comme d'une barre de penderie. Le fil d'alu servira de "crochet" pour suspendre la pièce. La pince croco allant au négatif de l'alime sera connectée au profilé. L'autre pince croco allant au positif sera connectée à la feuille de plomb, en veillant à ce qu'elle ne trempe pas dans la solution. ( la pince, pas la feuille
)
Un fois la pièce percée pour recevoir le fil et le fil forcé dans le trou, on doit la préparer : état de surface OK, dépoussiérage rigoureux, nettoyage dans un bain d'acide sulfurique pur ( pas trop longtemps, 2-3 minutes), suivi d'un rinçage rigoureux. Ceci afin de dissoudre les dernières traces de saleté et de graisses diverses. Ne plus toucher la pièce à ce moment là, le gras présent naturellement sur vos mains laissera vos empreintes sur la pièce. => manipuler à l'aide du fil d'alu.
Et le grand moment est arrivé : Plonger la pièce dans le solution d'anodisation, s'assurer de l'absence de court-circuit avec la feuille de plomb et... feu ! Ah... non, euh... Courant !
Brancher le (+) au profilé alu, le (-) à la feuille de plomb. Dès cet instant, des bulles vont apparaître à la surface de la pièce. Ce qui veut dire que le courant traverse bien la solution et que l'anodisation a commencé. Là, on doit contrôler le courant : Au minimum 60 à 70 mA par cm² de surface à anodiser. On doit donc calculer la surface totale de la pièce ( intérieur/extérieur ) et multiplier par cette valeur de courant. Si pas assez de courant, augmenter la tension de l'alimentation ( si possible ) ou augmenter la surface de cathode.
6 à 7 Ampères pour 100 cm², il faut donc une alimentation costaude... ou une batterie de voiture.
Au début, le courant est fort. Au fur et à mesure que l'anodisation se déroule, la couche externe de la pièce se transforme en alumine, qui est un isolant. Le courant diminue donc avec le temps.
Combien de temps anodiser ? Il y a une formule empirique, la voici : environ 0,97 Am (Ampère-minute) par cm² de surface à anodiser.
Soit : pour une surface de 100 cm2 : 0,97x100= 97 ampères/minute que vous diviserez ensuite par le courant d'anodisation. ( 0,07 A x 100 cm2 = 7 A.) => 97/7 = 13,85 minutes. Comptons 14 et c'est bon. Si vous n'arrivez pas à obtenir un courant suffisant, il est possible de rallonger la durée : si vous n'obtenez que 5 A par ex., divisez vos Am/cm² par le courant que vous avez. Soit ici 97/5= 19,4 minutes, 20 minutes en gros. Mais il est préférable d'anodiser avec un courant fort et peu de temps.
Une fois ce temps écoulé, sortir la pièce, toujours sans la toucher avec les doigts, et rincer abondamment à l'eau froide.
La pièce est prête maintenant à être colorée. Utiliser des capsules de teinture pour vêtements " Dylon ". C'est pas cher et la gamme de couleurs est impressionnante. Respecter les instructions sur la capsule pour la dilution.
Là, le temps d'immersion détermine l'intensité de la coloration. Plus c'est long, plus c'est fort.
Ensuite, fixer la couleur en refermant les pores en plongeant la pièce dans l'eau bouillante. Laisser 30 minutes.
Voilà, votre pièce est anodisée et colorée. Rincer, sécher...
Note : dans ce post, quand j'utilise le terme "eau" je fais référence à de l'eau DISTILLEE (ou déminéralisée, c'est pareil ). Toute autre eau contient des sels et minéraux dissous qui vont influencer ( en mal, toujours ) le résultat final.
Solution d'anodisation : 50% d'eau distillée, 50 % d'acide sulfurique ( à 33%, concentration maxi trouvable en commerce "grand public" )
Je pense n'avoir rien oublié... Ah si...
Portez gants, visière, tablier...
Evitez de fumer, l'électrolyse génère de l'hydrogène (inflammable) et de l'oxygène (comburant) => travaillez donc dans un endroit aéré...
Travaillez en sécurité, au calme, sans personne autour pour vous distraire...
Et tout se passera bien.
Maintenir une température de solution en-dessous de 10 °C améliorera le procédé. (utiliser un bain-marie froid)